Profil d'un leader
Lawrence d’Arabie : la soif de vaincre ou le goût de mourir1
Cas produit par Sophana SISOWATH et le professeur Laurent LAPIERRE2
Tout a été surfait! Surfaite la guerre! Surfaits les « paradis artificiels »! Et l’amour donc!... Quel coup! Mais on vivrait. Il n’y a au monde qu’une seule chose qui ne soit pas supportable : le sentiment de sa médiocrité3. Jacques Rigaut
Introduction
C’est de juin 1914 à octobre 1918, que Lawrence d’Arabie, conduisant la Révolte arabe à la victoire contre la Turquie, est entré dans la légende. Une épopée, un homme : si l’histoire l’affuble d’une aura héroïque, Lawrence ne cesse pourtant de se percevoir comme un imposteur. À la mesure de la controverse qui s’édifie autour de son personnage, Lawrence oscille entre l’action prestigieuse et la remise en question incessante de ses gestes, entre le besoin inassouvi de victoire et le retrait et parfois une torpeur qui le paralyse. Lawrence poursuit inlassablement son rêve de libérer les Arabes du joug turc et de leur assurer une indépendance totale. Les victoires s’accumulent et, cependant, au terme d’une mission qui était d’établir la souveraineté de l’Arabie sur son territoire, Lawrence échoue : la GrandeBretagne, la France et les États-Unis morcellent les États arabes et se partagent leurs étendues selon les clauses d’un traité qui normalisera désormais les relations politiques et diplomatiques. Ce traité servira d’amorce aux tensions qui surgiront 50 ans plus tard et auxquelles nous n’avons pas fini d’assister. Les Arabes floués, Lawrence déçu, son rêve « fracassé », il assiste relativement impuissant au dénouement, alors qu’il aura réussi l’exploit de mobiliser toute l’Arabie, de rallier des royaumes désunis et rivaux. Paradoxe qui veut que, couronné par les victoires, il n’ait fait que servir d’instrument dans un combat inégal qui mettait en jeu des puissances étatiques bien supérieures à la seule ambition de Lawrence lui-même.
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Ce cas a