Qu'est-ce qu'une controverse ?
Dans le deuxième texte à l’étude, les auteurs Callon, Lascoumes et Barthe (2001) réfléchissent à la notion d’incertitude et aux différentes formes que celle-ci peut prendre en contexte de prise de décision : incertitudes radicales, soupçons, présomptions. Plus particulièrement, ces auteurs s’intéressent aux controverses sociotechniques et montrent, à l’instar de certaines crises contemporaines (Tchernobyl, ANDRA, SNCF), comment une prise de décision dans un contexte d’incertitude peut prendre place dans des « forums hybrides » et favoriser l’apprentissage collectif.
Les « forums hydrides » sont des espaces ouverts où des groupes peuvent débattre des choix techniques touchant à une collectivité. Le concept insiste – par la notion d’hybridité – sur l’hétérogénéité des groupes engagés dans les débats sociotechniques : experts, politiciens, profanes, etc. Plus encore, pour Callon, Lascoumes et Barthe, le concept de « forums hybrides » renvoie au fait que les problèmes soulevés par les controverses sociotechniques brouillent les frontières entre la sphère technique et sociale par le fait qu’elles font apparaître la multiplicité des acteurs et enjeux qui y sont associés. Les controverses rendent donc perceptibles les incertitudes relevant tant des domaines scientifique et social. Les auteurs ci-haut parlent d’une dialectique entre « recherche scientifique et reconfiguration sociale » qui fait émerger de nouvelles zones d’ignorance (2001 : 48). Selon eux, cette dynamique propre aux controverses sociotechniques suscite l’investigation de solutions possibles ainsi que la production de connaissances.
Cette façon d’envisager la notion de controverse rejoint le premier texte étudié. En effet, dans l’article « Controversies in management », Berkeley (2003) souligne le caractère dynamique de la controverse qu’il considère comme un processus par lequel au moins deux parties en désaccord échangent, à l’intérieur d’un débat,