Quand je dis : « j’ai raison », autrui n’a-t-il qu’à se taire ?
On peut constater que cette question en contient réellement deux car l’une est implicite à la question que l’on pourra définir ainsi : autrui est-il une aide ou un obstacle pour ma réflexion ? Car ce qui fonde la valeur d’une opinion, c’est le fait qu’elle soit partagée avec les autres, alors qu’une pensée peut être solitaire, on peut donc, tout d’abord, se demander le rôle d’autrui par rapport à nous. La question repose aussi sur la différence entre opinion et pensée: il faudra les définir précisément, notamment en faisant apparaître le critère de vérité, qui caractérise la pensée.
Nous verrons donc d’abord que je ne peux pas avoir raison sans l’aide de mon interlocuteur et de son agrément, puis que la raison doit s’imposer à l’opinion ; enfin, nous verrons les conséquences de cette hiérarchie entre raison et opinion.
Lorsque j’éprouve l’intense certitude d’avoir raison, toute parole de mon interlocuteur peut m’apparaître comme une gêne dans la mesure où ma certitude ne peut supporter une quelconque protestation de sa part. Cela signifie-t-il alors que mon interlocuteur n’a pas d’autre choix que de garder le silence ? Et ce silence n’apparaît-il pas dans ce cas comme imposé par une forme de dictature de la raison ?
I) L’opinion de chacun est importante car il permet de construire une pensée plus forte et plus complexe que si on était seul, il faut donc créer confrontation avec les différents points de vue des autres, qui aide à forger sa propre pensée, cette confrontation se