Raison des effets
Dans ce chapitre, Pascal change d'angle d'analyse pour s'intéresser non plus à la misère de l'être humain, mais à ce qui assure la stabilité de l'ordre social.
FRAGMENTS 75 A 83
Sur l'ordre social
PRÉSENTATION
Comment juger de l'organisation et des hiérarchies sociales ? Comment savoir ce qu'il convient ou non de faire ? En cherchant la « raison des effets ». Par cette expression, Pascal désigne tout à la fois la cause d'un fait (d'un « effet ») et son caractère raisonnable, conforme à la raison. C'est ainsi que ce qui, de prime abord, peut apparaître injuste ou absurde peut se révéler à l'examen fondé et juste. Ainsi, bien que la force n'ait par elle-même rien de juste, elle devient pourtant juste quand elle permet le maintien de la paix, « qui est le souverain bien » (frag. 76, 78). L'idéal serait bien sûr de suivre le « vrai droit », mais celui-ci n'existe pas, sinon « nous ne prendrions pas pour règle de justice de suivre les mœurs de son pays » (frag. 79). Par ailleurs, « Summum jus, summum injuria » (frag. 78 : « Le droit extrême est une extrême injustice » cf. Mesure pour mesure, Shakespeare). « Ne pouvant [donc] faire qu'il soit forcé d'obéir à la justice, on a fait qu'il soit juste d'obéir à la force » (frag. 76).
Ce qui est vrai de la justice l'est de la coutume: moralement, elle n'est pas plus justifiable que la force, mais elle établit des règles (frag. 75 et