Realpolitik et equilibre des puissances
« Vous n'êtes pas prêts ! » s’exclamait Adolphe Thiers s’adressant à l’assemblée nationale. Nous sommes en juillet 1870 et la France vient de décréter une mobilisation générale et s’apprête à rentrer en guerre contre la Prusse dirigée depuis 1862 par son ministre-président, Otto von Bismarck. La Prusse est alors triomphante et vient de terrasser l’Empire autrichien en 1866 et cette déclaration de guerre sonne déjà une victoire pour la Prusse qui provoque la France depuis de long mois en vue d’atteindre cet objectif. Les prussiens savent qu’ils sont mieux préparés et plus nombreux, d’autant plus que l’armée française vient d’enregistrer de lourdes pertes au Mexique, et Bismarck entend bien achever l’unification allemande dans un conflit victorieux contre la France. Seul Adolphe Thiers donc, entrevoit le piège tendu par les allemands, mais l’assemblée nationale ne tient pas compte de ses avertissements et vote les crédits nécessaires pour soutenir le conflit. Comme prévu les français essuient de nombreuses défaites et signent un armistice, moins de trois mois plus tard, le 2 septembre 1870 à la suite de la défaite de Sedan – qui scelle la fin de l’Empire avec la déposition de Napoléon III. Le prix de la paix est très lourd à payer pour la France, qui perd l’Alsace et la Lorraine et doit en sus régler une indemnité de 5 milliards de francs et financer l’hébergement des troupes allemandes stationnant en France en attendant le règlement de ce tribut. Par cette ultime victoire, Bismarck réalise l’unification de l’Allemagne, qui était jusqu’alors faites d’Etats indépendants et de républiques autonomes. A la suite de ce conflit, l’Allemagne devient la puissance dominante en Europe et verra sa prépondérance se perpétuer durant la période à venir. Bismarck, sacré premier chancelier de cette Allemagne, que l’on nommera parfois deuxième Reich en opposition au Saint Empire Germanique qui fait office de premier Reich,