Role de medias
Faisant suite, dans la production de Raymond Boudon (né en 1934), à des travaux consacrés à la place à donner aux mathématiques dans la méthodologie et l'épistémologie des sciences sociales, L’Inégalité des chances porte sur l'analyse critique de la relation existant entre le niveau de scolarisation et la mobilité sociale pour en montrer le caractère non mécanique et non déterministe. En effet, contrairement aux discours optimistes de l'idéologie égalitariste de l'époque, la démocratisation de l'enseignement n'entraîne pas une disparition progressive de l'inégalité des chances scolaires ni une hausse de la mobilité sociale. Boudon montre que l'explication de ce phénomène n'est à rechercher ni du côté des thèses fonctionnalistes qui y lisent la volonté des groupes dominants, l'effet reproductif des structures sociales et la force de l'héritage culturel, ni dans une approche unifactorielle de la mobilité sociale. Selon le chef de file de l'individualisme méthodologique, il faut davantage y voir un processus de décision scolaire variable selon la position sociale, et l'interdépendance systémique des facteurs de mobilité.
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Raymond Boudon Trop souvent confondue naguère, non sans raisons d'ailleurs, avec une critique idéologique des organisations sociales, la sociologie a été replacée par Raymond Boudon sur le plan de l'analyse strictement scientifique.
Crédits: D.R. Consulter
1. Une analyse en termes de modèles
La première partie de l'ouvrage s'attache précisément à ce dernier aspect à partir des conséquences méthodologiques que Raymond Boudon tire de ce qu'il nomme « le paradoxe d'Anderson ». En 1961, ce dernier montrait que la promotion scolaire d'un individu ne garantit pas sa promotion sociale, et inversement qu'une réussite scolaire inférieure à son père n'implique pas automatiquement une mobilité sociale descendante. Ce double constat