Ronsard air ciel et vent
Introduction : Les Amours de Cassandre est un recueil de sonnets composés en l’honneur de Cassandre Salviati, jeune fille dont Ronsard était amoureux mais qu’il ne put épouser car il occupait une fonction ecclésiastique. Dans la 67° pièce de ce recueil, Ronsard s’adresse à la nature pour mieux pouvoir dire adieu à la femme aimée.
I) L’apostrophe à la Nature :
La composition du sonnet fait apparaître trois temps : d’abord les quatrains sont consacrés à l’évocation de la nature ; la régularité du décasyllabe dépeint la sérénité et le calme. Ensuite le poète adresse une supplique à la nature dans le deuxième tercet, avec des effets d’écho et de refrain. En effet, le même rythme scande les vers : quatre puis six mesures. La description de la nature est détaillée (11 vers sur 14) et hyperbolique. Toutes ses composantes sont énumérées, dans un ordre décroissant : du plus vaste au plus restreint (de « Ciel » v.1 à « fleurs » v.14), du cosmique à l’intime (de « air » v.1 à « Gastine, Loir » v.8). L’ordre naturel se trouve donc mis en valeur, ainsi que son harmonie. Ronsard décrit une nature accueillante par son ouverture (« Ciel », « plains », « découverts » v.1, « ouverts » v.5), la vivacité de ses couleurs (« vineux » v.2, « verdoyantes » v.2, « verts » v.4, « blondoyantes » v.7), sa vitalité (« verdoyantes » v.2, « ondoyantes » v.3, « moussus » v.5, « roussoyantes » v.6). On relève la répétition des mêmes éléments dans les vers 1 et 12 ; 2, 3, 4 et 13 ; 5, 6 et 14 : le caractère redondant de la description est renforcé par la redondance circulaire des apostrophes, qui encadrent le sonnet. De plus, les personnifications successives des éléments naturels (emploi de l’impératif v.14 et du « vous » v.4 et 8, introduisant une symétrie dans la chute des quatrains qui entretient la confusion entre la voix de la nature et celle du poète) trompent l’attente du lecteur : alors qu’on pouvait