TROP DE SOLEIL TUE L’AMOUR DE MONGO BETI :UNE
ESTHÉTIQUE DE LA DÉLIQUESCENCE
C’est vrai que selon Mongo Beti «le titre d’un livre est la chose la moins originale, aussi bien pour un roman que pour un essai » (Kom, 2002 :68). À l’observation cependant, Trop de soleil tue l’amour est en soi un titre révélateur ; une phrase dont le pivot, un verbe d’aspect conclusif ou terminatif marque, dans une esthétique de la somme, la fin des choses. Ainsi, la socialité du texte semble-t-elle marquée d’allusion à quelque chose de ténébreux, dévoilant pour ainsi dire la déliquescence de ses composantes essentielles. Et pour le rendre, notre narrateur a emprunté à plusieurs paramètres poétiques afin de textualiser ce topos référentiel qui, par un réel du reflet plutôt que par un reflet du réel, se rapproche d’une société africaine postcoloniale. Toutefois, notre objectif dans ce travail n’est pas d’interpréter la référentialité, de vérifier que les mots sont reliés verticalement à une extériorité. Nous nous proposons d’aller à la recherche de la signifiance au sens où le prescrit Barthes (1982 :94) : « Le lecteur qui essaie d’interpréter la référentialité aboutit au non-sens ; cela le force à chercher le sens à l’intérieur du nouveau cadre de référence donné par le texte. C’est ce nouveau sens que nous appelons la signifiance ». Ainsi, pour montrer en quoi la déliquescence dans Trop de soleil tue l’amour de Mongo Beti s’inscrit dans les lignes d’une esthétique verbale, nous emprunterons à la démarche stylistique. Il s’agira d’éclairer cet état des lieux qui ressortit à la syntaxe fondamentale de l’œuvre à partir des séries de faits langagiers recensés au niveau de la syntaxe textuelle. D’abord, nous commencerons par une étude de la construction de l’espace avant de voir comment les référents humains qui le peuplent sont caractérisés. En dernier ressort, nous montrerons comment le chaos, qui semble symptomatique de ce macro-espace est lui aussi figuré, ou si