Réflexion sur les calligrammes d'apollinaire
L’hypothèse que nous proposons est la suivante : la juxtaposition, au sein du même recueil, des deux types de poèmes permet un mode de symbolisation nouveau, c'est-à-dire que le calligramme apporte au texte linéaire une profondeur et un relief, et ce dernier permet au calligramme de dépasser la dimension de dessin qui a si souvent appauvri l’œuvre d’Apollinaire. Pour cela, nous étudierons deux poèmes du recueil : « Liens », qui l’inaugure, et « Cœur, Couronne et Miroir ».
Nous verrons dans un premier temps la pertinence de l’objet miroir dans l’esthétique d’Apollinaire, car il croise les notions de cubisme et de « véracité lyrique ».Il permet aussi de jeter un pont entre poèmes linéaires et « idéogrammes lyriques », dans la mesure où le miroir ne reflète pas ; il cristallise. Dans un second temps, en nous attardant plus précisément sur « Liens », nous verrons qu’il est question, de façon plus générale, de la communication comme nouvelle religion, et que le calligramme permet de revenir à une communication plus « vivante et vraie ».
Si l’on considère le vers de "Coeur, Couronne et Miroir" : « Dans ce miroir je suis enclos vivant et vrai comme on imagine le anges et non comme sont les reflets », on peut y voir l’affirmation d’un refus des reflets, c'est-à-dire du trompe-l’œil, et des aspirations mimétiques en art. Nous sommes décidément bien loin du miroir de Stendhal. Mais alors comment comprendre le nom de l’auteur qui apparaît au centre du miroir ? Ce que nous voyons n’est pas un reflet du poète, ni un portrait figuratif ; la mise en abyme du poète, par le poème et par cette signature, fait apparaître, semble-t-il, une identité