Régimes politiques
Selon al-FARABI (878-950)
Le régime parfait (Siyâsat al-Madaniya)
La cité est pour l'homme une exigence inscrite dans sa nature. Pour mener une vie parfaite, l'homme a besoin de vivre en communauté : "il ne peut subsister et réaliser sa perfection que dans la vie en société". Les sociétés humaines se scindent en deux : parfaites et imparfaites. Les sociétés parfaites sont triples : la grande ou l'humanité (ma'moura : l'ensemble des hommes de la terre habitable); la moyenne ou la nation (umma); et la petite : la cité (madîna). Les sociétés imparfaites (# autarcheia) sont le village, le quartier, la rue, et la maison. Chacune faisant partie respectivement et organiquement à un tout. Le Bien par excellence et l'ultime perfection s'obtiennent tout d'abord par la cité, et non par une assemblée imparfaite. Cependant comme le Bien s'obtient par le choix et la volonté, la cité peut vouloir à la fois le malheur ou le bonheur; "la cité où l'on s'associe pour accomplir les choses menant au bonheur véritable est la cité vertueuse". De même que de telles communautés et pays dans lesquels elles vivent, sont des "ummas" et une "ma'moura" les plus excellentes.
Ainsi, la morale et la politique ne font qu'une. Car Fârâbî ne considère la morale qu'en tant que l'homme vit dans une cité. La science politique est donc la science des choses par lesquelles les citoyens, grâce à la communauté civile, atteignent le bonheur, selon leur aptitude naturelle. Ce bonheur consiste en ce que l'âme arrive à une telle perfection dans l'être qu'elle puisse subsister sans matière et devient une substance séparée, et se fixe à jamais dans cet état. La fin de l'homme est donc de s'unir, par l'intellect et l'amour, à l'Intellect Agent séparé, qui est le premier moteur immobile et la source de toute connaissance intelligible. L'Imam réalise suprêmement cette union. Celui-ci reçoit l'ins¬piration divine, et il est capable de guider les autres vers le bonheur :