schopenhaurer
Mais le malheur et la souffrance peuvent-ils vraiment être envisagés comme la privation du bonheur ? Et si c'était le cas, alors, pourquoi sommes-nous plus aptes à percevoir la souffrance que le bonheur ? Pourquoi les choses agréables nous sont-elles si peu sensibles, quand les choses douloureuses le sont tellement ?Repérer la structure du texte et les procédés d'argumentation
Tout d'abord, Schopenhauer énonce son idée principale : la réalité première, immédiate, de notre existence, c'est la souffrance. D'emblée, il adosse cette idée à une expérience assez commune : il faut perdre ce à quoi nous tenons (le bonheur, la santé, la jeunesse, la liberté) pour s'apercevoir que nous le possédions.
Ensuite, Schopenhauer présente un premier élément d'explication : si nous sommes incapables de percevoir les biens au moment où nous les possédons, c'est en raison du phénomène de l'habitude. En effet, l'habitude émousse nos sensations, nos sentiments, nos perceptions : ainsi, un plaisir continuel perd de son intensité. Parallèlement, plus nous nous habituons au plaisir, plus nous en sommes dépendants, et plus la perte de celui-ci nous sera douloureuse.
Enfin, Schopenhauer se réfère à notre expérience du temps : quand nous souffrons nous percevons le temps comme écrasant, trop long ; l'expérience de l'ennui, c'est l'expérience d'un temps qui s'étire indéfiniment. Ces deux expériences semblent donc conforter sa thèse : ce que nous percevons avec acuité, c'est ce qui nous fait souffrir. Le bonheur, lui, est une réalité peu sensible, qui n'a pour effet que de nous rendre plus malheureux encore quand nous l'avons