Solidarité et action
Jean-Pierre Girard jean-pierre.girard@u-picardie.fr CRIISEA. 2009
Introduction.
Le succès actuel de l’économie solidaire génère un grand nombre d’interrogations sur la signification de cette notion. Parmi les points débattus, il est celui de la possible dimension morale de la solidarité. Il est vrai qu’au vu de la situation actuelle, il semble logique de considérer la solidarité comme valeur morale dans la mesure où elle se présente comme inscrite dans un ailleurs par rapport au marché. Ce serait une sorte de reconstruction à la marge provenant d’un autre univers conceptuel, celui des valeurs morales. Peut-on se satisfaire de cette interprétation ? Probablement pas car nous serions du même coup dans l’obligation d’accepter qu’il n’existe qu’une forme d’ordre social : économique et libéral tout en acceptant son inefficience. Pour tenter d’apporter une réponse, nous croyons nécessaire non seulement de définir la solidarité, mais également d’en repérer les formes d’expression dans la société. Nous entendons dans les lignes qui suivent ouvrir la voie à une autre interprétation de la solidarité basée non pas sur sa dimension morale mais sur sa possible efficacité sociale et économique.
I.
Un impératif de solidarisation...
La définition que nous retiendrons de la solidarité est celle d’une communauté d’intérêt qui s’exprime au travers d’un refus des inégalités et de l’exclusion c’est-à-dire en lien fort avec la justice. La solidarité s’apparente donc aux combinaisons (théoriques ou pratiques, volontaires ou involontaires) mobilisées pour atteindre un état de bien-être juste, prospère et durable. C’est sur cette base que l’on assiste aujourd’hui à un retour de la solidarité qui resurgit selon diverses motivations. L’on y trouve une dimension morale, découlant directement de l’idéal chrétien de vie fraternelle, tout autant que des dimensions subversive, revendicative voire nostalgique. Dans l’urgence, ces positions sont