Sophocle
Anouilh a repris le mythe d'Antigone dans la pièce de Sophocle.
Il a gardé l'histoire, la trame dramatique, les personnages avec leurs noms et leurs relations, les faits majeurs.
Il a introduit des variations dans les caractères, les motivations, les comportements de ces personnages.
Dans la pièce de Sophocle, Antigone obéit aux Dieux et à la morale en vigueur alors. en désobéissant à Créon, elle accepte son destin, alors que dans la pièce d'Anouilh, elle se transforme en jeune rebelle, révoltée contre l'injustice et l'arbitraire.
Son personnage est beaucoup plus politique en 1944: les Dieux ou la fatalité n'ont plus rien à voir, elle a fait un choix, a pris position dans l'opposition, et assume lucidement les conséquences de son choix.
Elle résiste à une autorité qu'elle juge tyrannique: c'est pour cela qu'on a pensé à la Résistance face à l'Occupation en voyant la pièce.
L'adaptation de Jean Anouilh ne diverge pas, en somme, du texte d'origine écrit par Sophocle vers 441 avant J.C. Mais certains détails font que nous avons à faire à deux styles différents. Et ce particulièrement en la personne de Créon : tandis qu'Anouilh le fait paraître comme un homme victime de sa souveraineté, Sophocle, lui, le représente plus comme un dictateur. Il existe également une différence au niveau du fond, alors qu'Anouilh n'appuie pas trop son texte sur le caractère religieux, ce dernier constitue un moteur essentiel dans la version originale de Sophocle. Le message que veut passer le mythe grec serait donc « Il ne faut pas déshonorer la loi qu'imposent les dieux ». Enfin,