Soundiata
Paul Drabo, Assistant, DER de Lettres, Université de Bamako
Date de publication : 22 juin 2002
L’ouvrage de Lilyan KEESTELOOT et de Bassirou DIENG s’est assigné la double et lourde tâche analytique et anthologique des épopées négro-africaines. C’est la moisson d’au moins un quart de siècle de gestation et de maturation que les lecteurs apprécieront certainement comme un événement historique longtemps attendu.
Dans l’introduction, la préoccupation des auteurs est de souligner en quoi «l'orature» africaine est épistémologiquement tributaire des études africanistes européocentristes qui malgré leur louable démarche scientifique n’ont pu ou su se départir d’un certain paternalisme réducteur confinant l’épopée africaine au rayon de la littérature enfantine. Débroussaillant les sentiers battus de définitions stéréotypées de l’épopée, les auteurs ont abouti au concept d’un genre épique spécifiquement africain parce que vivace et non encore momifié par l’écrit. Dans la tour de Babel des variantes, il leur a fallu trouver le récit le plus porteur de signification sur le plan académique, philosophique et poétique.
L’«epic-belt » de l’Afrique Occidentale, l’Afrique Centrale et l’Afrique Orientale ont constitué le champ d’investigation dont la moisson fut abondante et généreuse.
Une lecture synoptique des théories littéraires sur l’épopée a permis aux auteurs de formuler un certain nombre de considérations : le trait commun à toutes les épopées, de l’Iliade et l’Odyssée aux épopées négro-africaines en passant par la chanson de geste médiévale, tient au fait qu’elles ont été oralement proférées avant d’être transcrites. En ce sens, le chant épique africain qui a encore la chance d’appartenir au registre de l’oralité, se distingue par une déclamation solennelle, un débit intense de parole et surtout une poétique majestueuse qui, par un effet d’osmose entre le diseur et