Spinoza
Le Traité théologico-politique fut vraisemblablement écrit à la demande du grand Républicain Jan de Witt. On sait que lorsque ce grand homme (qui s'était opposé aux monarchistes de la Maison d'Orange ainsi qu'aux revendications calvinistes) fut lynché par la foule le 20 août 1672, Spinoza voulut dénoncer ce meurtre que les autorités orangistes laissèrent impuni. Il voulut coller sur les murs un placard intitulé Ultimi Barbarorum (« Les derniers des Barbares ») Son ami, Van Spick parvint à le dissuader d'accomplir une action inutilement dangereuse.
Le Traité théologico-politique est une apologie de la liberté de penser et d'enseigner, un plaidoyer pour la liberté de philosopher. Spinoza montre que la Bible n'a pas de crédit philosophique. Le concept philosophique de Dieu ne commande rien. Il faut rappeler que pour Spinoza les deux attributs divins que nous connaissons sont l'Etendue et la Pensée, ce qui signifie que la justice n'en fait pas partie. La Bible n'est pas pour Spinoza un texte qui cherche la vérité. On y trouve rien de philosophique mais seulement des injonctions, des ordres dont le seul but est de faire obéir les masses. La liberté (et en particulier la liberté de penser) suppose donc nécessairement la critique de toute religion. On voit donc apparaître chez Spinoza l'idée d'une différence entre la politique et la religion déjà très moderne. Spinoza conceptualise l'avantage politique à faire de la religion une affaire strictement privée et même une affaire d'êtres cultivés et rationnels.
La Bible, tout au contraire, entretient la superstition et, en ce sens, est l'ennemie de la philosophie. On se situe là dans le premier genre de connaissance c'est-à-dire le plus bas, le moins porteur de vérité. Le procédé est toujours le même : faire passer un élément imaginaire pour une vérité divine. Sur cette base les hommes s'autorisent les pires atrocités. Quant aux prophéties, ce sont des décisions d'hommes politiques. Par