Stupeur et tremblements
Le récit raconte les tentatives de déconstruction et les étapes de reconstruction du personnage d’Amélie-san pour aboutir à son identité d’écrivaine.
Le personnage d’Amélie est en situation d’échec, car les cadres de l’entreprise japonaise lui refusent non seulement son insertion au sein du groupe, mais son identité japonaise. Du vice-président aux cadres supérieurs, ils humilient Amélie-san en lui interdisant l’accès à un poste digne de ses capacités, ce qui la réduit à n’être
« rien ». L’incipit du roman donne déjà le ton : « Et moi, je n’étais la supérieure de personne. » (p. 9) On lui impose des tâches abrutissantes pour lui enseigner la soumission, comme lorsque M. Saito lui commande de réécrire sans cesse une même lettre. Mais elle subit le pire quand on lui ordonne de ne plus comprendre le japonais, d’une part parce qu’on nie ses capacités d’interprète, d’autre part parce qu’on méprise son désir d’intégration, ce qui a pour conséquence de la détruire.
L’humiliation atteint son comble dans la relation bourreau-victime générée par la supérieure immédiate d’Amélie-san. Fubuki Mori cherche à déconstruire l’identité d’Amélie, entre autres parce qu’elle est jalouse de voir une femme, qui plus est une étrangère, avoir accès à de l’avancement, alors qu’elle-même, parce qu’elle est femme au sein d’une grande entreprise à majorité masculine, a peiné