suffit-il à la pensée d'être cohérente pour être vraie?
Tout raisonnement contradictoire est directement qualifiable de faux. L’incohérence due à la contradiction est donc invariablement signe de fausseté. Au contraire, une pensée cohérente, qui respecte les lois de la logique, est toujours vraisemblable, ce qui amène naturellement à la considérer comme vraie. Pour autant, peut-on poser la cohérence d’une pensée comme condition nécessaire et suffisante à sa vérité ?
Notons d’abord que dans tous les cas, la cohérence de la pensée est nécessaire pour qu’elle soit vraie. De plus, par équivalence, une relation d’idées cohérente est nécessairement vraie. On parle alors de vérité formelle. Ce sont les sciences à priori, sans lien direct avec l’expérience, en particulier les mathématiques. Cependant, la logique elle-même connait des limites et n’est pas en mesure d’atteindre toutes les vérités. Nous montrerons dès lors que la cohérence de la pensée est parfois insuffisante pour accéder à la certitude de sa validité. Pour cela, nous élargirons notre propos aux faits, tirés de l’expérience, qui permettent d’élargir le champ de notre connaissance. Pour cet objet de la raison, il n’y a alors plus d’équivalence, la vérité entraîne la cohérence, mais non l’inverse. A défaut de certitude, la cohérence d’un jugement sur les faits implique la contingence de sa vérité, possible mais pas nécessairement vérifiée. C’est le cas des sciences physiques et des sciences naturelles.
Cette réflexion sur les conditions nécessaires pour certifier la validité d’un jugement en fonction de l’objet étudié n’est pas sans enjeux : il nous donne quelques pistes pour établir une règle générale qui satisferait les critères de vérité de la pensée, que Descartes formalise dans ses Règles pour la direction de l’Esprit. La vérité formelle d’une affirmation repose uniquement sur la cohérence de la relation d’idées qui nous a amené à la formuler. Cette cohérence est avant tout nécessaire.