Suicide
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Corrigé :
Le terme de suicide contient un jugement de valeur : homicide sur sa propre personne. C’est la raison pour laquelle le monde médical lui préfère le terme d’autolyse (du grec : destruction de soi-même).
Deux types de condamnation :
• religieuse : le suicidaire disposerait de quelque chose dont seul Dieu peut disposer, à savoir sa vie. Hume rejette cet argument dans son Essai sur le suicide : Dieu a mis en moi les moyens d’agir sur le cours de la nature, et personne ne m’accuse de détourner les lois générales de la nature de leur cours («chaque action, chaque mouvement humain, innove dans certains domaines, et détourne de leur cours habituel les lois générales du mouvement»). Quel que soit le type d’action que j’entreprends, il ne va pas jamais contre la providence et c’est avec le consentement de la providence que je peux tenter de changer le cours de ma vie quand elle est submergée d’adversité. «La vie d'un homme n'a pas plus d'importance pour l'univers que celle d'une huître.» Le propos de Hume est clairement antireligieux:
« C'est chose impie, dit la vieille superstition romaine, que de détourner les rivières de leur cours, ou d'empiéter sur les prérogatives de la nature. C'est chose impie, dit la superstition française, que d'inoculer la variole ou d'usurper le rôle de la providence en produisant volontairement des désordres et des maladies. C'est chose impie, dit la moderne superstition européenne, que de mettre un terme à notre propre vie, et de nous rebeller ainsi contre notre Créateur; et pourquoi ne serait-ce pas impie, répartirais-je, de construire des maisons, de cultiver le sol, de naviguer sur l'océan? Dans toutes ces actions nous employons les pouvoirs de notre esprit et de notre corps, pour produire quelque innovation dans le cours de la nature; et dans aucune de ces actions nous ne faisons quoi que ce soit d'autre. Toutes sont donc également innocentes, ou également criminelles.»
• philosophique : on accuse le