Télévisions publiques : un espace ubuesque de contre-définition
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Le débat sur la réforme de la constitution se déroule sur un seul canal de masse : Internet. Au lieu de lui donner échos, les télévisions publiques marocaines préfèrent projeter des feuilletons abrutissants. La nation, signifiant naître en latin (nascio ou natio) ne voit, à travers sa télévision publique qu’une série d’imperturbables tentatives d’agonie collective. Les télévisions publiques ont opté, il y a quelques années, pour le choix du « show-on » pour rebooster leurs audiences (Studio 2M, challengers...). Le constat serait : la chaîne étant déficitaire, anticipons sur les désirs potentiels, ou sondés en tant que tels, des téléspectateurs réels des chaines marocaines et collectons le maximum d’audience. Ce faisant, nous transformerons cette audience, grâce aux investissements publicitaires qui y sont collées, en un matelas de revenus suffisamment conséquents pour justifier un véritable repositionnement stratégique futur. Froidement, ce souhait ne serait pas insensible à la raison. Il serait, même, pragmatique. Ce terme renvoie, ici, vers une doctrine selon laquelle n'est vrai que ce qui fonctionne réellement. Seulement voilà : comment faut-il interroger le fonctionnement « réel » d’une chaine publique d’information ? Le prisme du pragmatisme ambiant de l’audience ayant été sinistrement expérimentée, cette télévision a débouché aujourd’hui sur «un ensemble non hiérarchisé de symptômes ne renvoyant à personne en particulier et au marché en général». L’expression est du journaliste français Serge Dany, cité dans un ouvrage collectif proposant une généalogie et une typologie de la critique de télévision en Europe suite à un colloque tenu à la Sorbonne sous la direction de Jérôme Bourdon et Jean-Michel Fredon (Edition De Boeck Université). Sans tomber dans la posture de l’imprécation apocalyptique, la mission de la télévision publique devra être questionnée. Profondément. Faut-il y voir, à l’instar de la peinture, de la littérature et du cinéma,