La Renaissance du 12ème siècle est une véritable période de renouveau pour l’Occident, qui se traduit par différents aspects. Les échanges dans le bassin méditerranéen, le domaine des arts connaissent notamment un essor considérable. Cette renaissance intellectuelle se présente comme une volonté de retrouver les richesses du passé, de s’en inspirer. Le droit de la période féodale, caractérisé par la disparition de la science juridique, la division territoriale et sociale du droit, est également profondément modifié. En effet, les compilations de l’Empereur Justinien sont redécouvertes. Parallèlement, le droit canonique, propre à l’Eglise Catholique, se développe. Ces deux droits constituent les droits savants, commentés et enseignés dans les premières universités qui se mettent alors en place grâce au soutien du Roi ou du Pape. L’étude de ces droits entraine une véritable révolution, qui se traduit notamment par le retour des juristes. L’un d’entre eux, Gratien, met en place l’œuvre majeure du droit canonique en 1140 : le décret de Gratien, composé de 3 parties. La première, les Distinctiones, établit 101 distinctions entre les diverses sources du droit canonique. La seconde, les Causae, en définit les grands thèmes. Enfin, la troisième partie, Consecratione, traite des messes, des fêtes catholiques. Quelles sont alors les caractéristiques du décret de Gratien ? Quelles informations nous permet-il de distinguer concernant le fonctionnement du droit à cette période clé ? L’extrait ici étudié appartient à la première partie. En effet, Gratien distingue tout d’abord le droit naturel des mœurs (I), puis définit différents types de droits (II).
I. Distinction de Gratien entre droit naturel et mœurs
Au début de l’extrait étudié, Gratien distingue le droit naturel, qui trouve selon lui sa source dans la Bible (A), à partir duquel il définit la différence entre lois humaines et divines (B).
A. Le droit naturel
Jusqu’à l’époque de Gratien, les textes canoniques