The New World Bank
Distribution électronique Cairn pour Altern. économiques © Altern. économiques. Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent article, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.
The New World Bank
Christophe Jaffrelot
Directeur de recherche CERI-Sciences Po/CNRS et président de l'Association des amis d'Alternatives
Internationales*
Le sixième sommet des BRICS, qui a réuni les chefs d'État et de gouvernement brésilien, russe, indien, chinois et sud-africain à Fortaleza et à Brasilia les 15 et 16 juillet derniers, s'est traduit, de nouveau, par des prises de position géopolitiques des plus timorées voire ambiguës : qu'il s'agisse de la Syrie, du Mali, du Soudan du
Sud, de l'Irak, de l'Ukraine (la Russie était juge et partie !) ou de Gaza, les grands émergents ont réitéré les appels au dialogue et au respect de la souveraineté des
États dont ils ont l'habitude.
1
En revanche, ce sommet a été l'occasion de donner forme à leur première réalisation concrète, déjà discutée à leurs réunions de New Delhi en 2012 et de
Durban en 2013 : une banque de développement. Cette New Development Bank
(NDB) illustre la prééminence chinoise au sein du groupe. Car si la mise de fonds initiale de ses cinq membres est de 10 milliards de dollars chacun, le fait que le siège de la NDB se situe à Shanghai est hautement symbolique. Surtout, dans la réserve de change commune, également mise sur pied au sommet de Fortaleza, la contribution chinoise est de 41 milliards de dollars quand celle des autres se limite à 18.
2
Pourquoi des pays émergents en délicatesse avec la Chine en raison de litiges frontaliers comme l'Inde ou de déséquilibres commerciaux chroniques comme le
Brésil acceptent-ils sa domination ? En première approximation, pour bâtir un système financier