L’endettement de l’Amérique latine atteignait 42 milliards de dollars en 1972 : il était de l’ordre de 500 milliards de dollars en 1996 et de 706 milliards en 1999. Jusqu’à la fin des années 70, les banques privées, la Banque mondiale et les gouvernements du Nord ont mené une politique active de prêts à bas taux d’intérêt. Pour les pays du Sud il était alors tentant de s’endetter : leurs revenus d’exportation croissaient et leur permettaient de rembourser sans trop de difficultés. Pour les pays du Nord, il s’agissait avant tout de recycler les surplus pétroliers. Baisse des revenus d’exportation, hausse des taux d’intérêt, arrêt des prêts bancaires, la crise de l’endettement se manifeste pour la première fois en 1982 lorsque le Mexique suspend unilatéralement le paiement des intérêts de sa dette. Ne pouvant plus rembourser, les nations cherchent à obtenir des rééchelonnements(étalement des remboursements sur une période variant de dix à vingt ans) auprès du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque mondiale, des clubs de Paris (regroupant les gouvernements du Nord créanciers) et de Londres (réunissant les banques privées du Nord). Ces derniers consentent de nouveaux crédits conditionnés à l’application dePlans d’ajustement structurel. Leurs effets sont connus : réduction drastique des dépenses sociales, accélération des privatisations, déréglementation des relations de travail, augmentation du chômage, développement de la pauvreté… Ils aboutissent dans la pratique à dessaisir les Etats et leurs représentants élus de la maîtrise de leur économie et de leur développement. En juin 1984, le groupe de Carthagène (Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Colombie, Equateur, Mexique, Pérou, Uruguay, Venezuela, République dominicaine) mit l’accent sur la nécessité d’une approche politique de la question de la dette au niveau international : la valeur cumulée des créances extérieures de l’Amérique latine était supérieure à la moitié de son produit intérieur brut. Un an