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Émile Zola avait préparé depuis plusieurs semaines un résumé de l’affaire Dreyfus, aidé par un mémoire rédigé par Bernard-Lazare[] à la fin de l'année 1896. Le publiciste, premier dreyfusard, y avait même suggéré la fameuse adresse litanique des « j’accuse »[][]. Zola avait envisagé la publication de son long plaidoyer comme un livret, à l’image de son « Adresse à la jeunesse ». Le choc de l’acquittement d’Esterházy[][] le pousse vers une méthode de communication plus « révolutionnaire » ainsi qu’il l'exprime lui-même dans son pamphlet. Le Figaro ayant refusé ses derniers articles afin de conserver son lectorat le plus conservateur, l’écrivain se tourne vers L’Aurore. Il termine la rédaction de l’article dans les quarante-huit heures suivant le verdict. Initialement nommé « Lettre à M. Félix Faure, Président de la République », Ernest Vaughan (le directeur de L'Aurore) et Clemenceau lui trouvent un autre titre, plus ramassé et percutant. Vaughan écrit : « Je voulais faire un grand affichage et attirer l'attention du public. Clemenceau me dit : « Mais Zola vous l'indique, lui-même, le titre. Il ne peut y en avoir qu'un : J'Accuse...! »[] »
Généralement diffusé autour de 30 000 exemplaires, le numéro du jeudi 13 janvier 1898 de L'Aurore décuple son tirage. Les trois cent mille exemplaires s’arrachent en quelques heures. Zola n’a pas cherché à écrire un texte d’histoire, ni une plaidoirie juridique. Son article est un brûlot, destiné à provoquer une prise de conscience face à la double iniquité. C’est aussi la première synthèse de l’affaire Dreyfus, que le public découvre enfin dans sa globalité. Mais le texte, très enflammé, n’est pas une relation fiable de l’affaire, car Zola ignorait certaines réalités dans ce fatras embrouillé. Il donne un rôle beaucoup trop important à certains acteurs et ignore le rôle considérable de certains autres []
Le retentissement de l’article est considérable en France comme dans le monde. Dans