Thomas more
Thomas More inventa le genre littéraire de l'utopie, il avait l'ambition d'élargir le champ du possible et non de l'impossible comme ce mot est synonyme aujourd'hui.
Dans son essai consacré aux premières utopies, celles d’avant les récits de More, de Campanella ou de Cabet (les Premières Utopies, les Primaires, 1938), Régis Messac donne une définition restrictive du terme Utopie. « Le mot d’Utopie, forgé par Thomas More, et de nom propre devenu générique, est d’usage courant pour désigner les œuvres littéraires qui, sous une forme fictive et narrative, nous offrent l’image d’un État idéal, où tous les maux et les torts de la société présente sont guéris et redressés. [...] ce genre littéraire [...] fut longtemps le principal véhicule des idées réformatrices, mais ces écrits se répètent beaucoup, on y retrouve cent fois les mêmes banalités, cent fois les mêmes lacunes ou les mêmes erreurs[1]. »
Autrement dit, Régis Messac considère l’utopie comme une œuvre purement romanesque, nécessairement progressiste, constituée de deux éléments : « le cadre, c’est-à-dire le récit d’aventures fantaisistes ou fantastiques, le roman merveilleux ou géographique ; le contenu, c’est-à-dire la représentation d’une société idéale[2]. » Cependant, si l’un ne va pas sans l’autre, « l’un ou l’autre des deux éléments peut prédominer[3] ». Pour Messac, il va sans dire que ne peuvent être considérées comme de véritables utopies les œuvres où domine le second élément, le contenu, c'est-à-dire la représentation d’une société parfaite ou du moins perfectionnée.
C'est pourquoi Messac ne reconnaît ni la République de Platon ni la Cyropédie de Xénophon comme appartenant exactement au