Thomas Robert MALTHUS (1776-1834) marqué par l'influence de son père, gentilhomme, disciple de Condorcet et de Godwin et que J-J Rousseau a choisi comme exécuteur testamentaire, Malthus étudie à l'université de Cambridge.
En 1789, il devient pasteur d'un petit bourg. Il tente d'appliquer les idées généreuses de Godwin. Celui-ci est un rationaliste du XVIIIe siècle qui croit à un progrès sans limites... Homme d'église, Malthus est chargé de l'aide aux pauvres dans sa commune: les mauvaises récoltes de 1794 à 1800 engendrent misère et détresse, elles frappent son imagination... Il écrit, en 1796, un opuscule La Crise (The Crisis) qui prend position en faveur de la justice sociale et propose de développer le système d'assistance publique aux pauvres... L'économie et la société constituent son terrain de réflexion principal, il sera nommé professeur d'économie politique à l'université fondée par la Compagnie des Indes Occidentales à Hailebury.
Mais le précoce disciple de Godwin va se révolter contre son inspirateur lorsqu'il lit La Justice Politique (1793). Dans cet ouvrage non exempt de véritables divagations, Godwin décrit une société où une population croissante va connaître la prospérité et la justice. Il suffit, pour que l'harmonie règne, de supprimer la propriété. Avec le progrès technique et la disparition du luxe inutile, tous pourront vivre dans une société débarrassée de la pauvreté égalitaire et où règne un ordre naturel sans administration ni gouvernement...
Le divorce entre les idées utopistes de Godwin et la réalité brutale qu'il observe conduit Malthus à changer radicalement d'analyse. En 1798 paraît un pamphlet : Essai sur le principe de population et comment il intéresse l'amélioration future de la société. Malthus y développe sous une plume anonyme les principaux arguments de ce que l'on appelera plus tard le malthusianisme.. Il affirme que les subsistances ont tendance à croître moins vite que la population et qu'en conséquence les lois sur les