Thèse sur le chomage
I. OBJET ET PROBLÉMATIQUE DE LA RECHERCHE Une « nouvelle catégorie socio-professionnelle fait la gloire du Maroc »1 : c’est en ces termes que les médias évoquent les « diplômés chômeurs », les protagonistes d’un phénomène d’action collective qui s’observe de manière récurrente au Maroc depuis une quinzaine d’années. En 2004, l’ancien premier ministre Driss Jettou s’exclamait devant des journalistes : « On ne peut pas vivre un mai 68 tous les jours »2, en allusion à l’effervescence protestataire que connaissent les rues du centre de Rabat et d’autres villes, souvent occupées par des diplômés de l’enseignement supérieur pour revendiquer un poste dans la fonction publique. Depuis plus d’une quinzaine d’années, les “diplômés chômeurs” représentent une catégorie omniprésente dans le paysage protestataire marocain. En 1991, fut créée l’Association Nationale des Diplômés Chômeurs du Maroc (ANDCM), le premier groupe rassemblant des titulaires de diplômes à partir du Bac jusqu’au doctorat et en situation de chômage. Son but était l’intégration de ses adhérents à la fonction publique. Le statut de l’ANDCM comme acteur unique dans le dossier du chômage ne dura pas longtemps. Le champ protestataire des diplômés s’amplifia et se diversifia avec l’arrivée d’autres acteurs à partir de la moitié des années 90. Le premier rang de la mobilisation est repris par des groupes de titulaires de diplômes de troisième cycle (DESA, DESS3, doctorants et docteurs), d’ingénieurs et de diplômés atteints d’un handicap tels que les non-voyants. D’autres diplômés disposant de statuts spéciaux (ingénieurs agronomes, médecins, infirmiers) s’engagent ponctuellement dans des mobilisations visant à leur insertion professionnelle. - Les « diplômés chômeurs » : un concept flou Depuis 1991, les « diplômés chômeurs