Théorie marché
L’entrée de la Bulgarie dans l’Union européenne a été assortie de réserves qui révèlent les diffi cultés de la mise en place d’une économie de marché dotée d’institutions adéquates. Plus généralement, les problèmes soulevés renvoient à la question de la crédibilité et de l’effi cacité des institutions dans les pays en transition. La raison en tient largement à l’imbrication de règles formelles et d’arrangements informels. C’est ce problème que nous entendons aborder dans cet article à partir de l’étude d’une pratique illicite coalisant entrepreneurs et employés face à l’État.
Plus précisément, nous nous intéressons aux conditions de mise en oeuvre de contrats de travail assortis de clauses cachées. Au moment de l’embauche, l’employeur et le travailleur concluent un contrat refl étant assez fi dèlement les modalités de l’activité exercée. Cependant, le contrat minore le montant de la rémunération, la différence entre le montant réel et le salaire déclaré étant payée en liquide. Cet usage, largement répandu, vise évidemment à réduire les impôts et les charges sociales. Il est perçu comme avantageux par l’employeur puisqu’il lui permet d’abaisser ses coûts salariaux, mais aussi par l’employé qui préfère souvent un paiement immédiat à des bénéfi ces futurs incertains dépendant d’un système de protection sociale considéré comme ineffi cace1. Il a bien entendu pour effet d’aggraver les problèmes fi nanciers de la Sécurité sociale mais a aussi un impact négatif sur le marché. La baisse illégale des coûts salariaux déclarés fausse le libre jeu de la concurrence et confère un avantage aux fi rmes qui ne respectent pas les réglementations.
Dans ce qui suit, nous soutenons que ce phénomène traduit les diffi cultés de la mise en place et de l’intégration de nouvelles institutions et que sa diffusion nécessite la création de liens personnels entre les dirigeants des entreprises qui fraudent, engendrant des réseaux plus ou moins licites.