Todorov
Jean Verrier1
Le parcours critique de Tzvetan Todorov, depuis la première publication, Littérature et signification, en 1967, jusqu’à L’homme dépaysé qui vient de paraître, convient particulièrement bien au thème : “De la narratologie à l’ethnologie” (mais on pourrait dire aussi : de la Grammaire du Décaméron, 1969, à La vie commune, essai d’anthropologie générale, 1995). J’ai essayé de montrer ailleurs2 la continuité sous l’apparente rupture dans cette œuvre qui s’étend maintenant sur une trentaine d’années. Les dernières publications de Todorov peuvent être rangées sous deux rubriques : “la critique dialogique” qu’illustre, par exemple, sa contribution aux Mélanges sur l’œuvre de Paul Bénichou (Gallimard, 1995), et “le récit exemplaire” auquel sera consacré cet article. Pour cela, remontant dans l’œuvre à partir des derniers textes publiés, où la notion est le plus clairement formulée et illustrée, j’ai tiré le fil rouge du “récit exemplaire” jusqu’à La conquête de l’Amérique, et en-deçà,
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Professeur de littérature française à l’Université de Paris VIII. J. VERRIER, Tzvetan Todorov, du formalisme russe aux morales de l’Histoire, Paris, Éd. Bertrand-Lacoste, 1995.
Recherches en communication, n° 7, (1997).
JEAN VERRIER
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là où notre regard d’aujourd’hui le voit se dessiner dans les toutes premières analyses de textes littéraires. De cette première exploration j’ai retenu une douzaine de titres1. Cependant, après examen du corpus, j’ai jugé préférable de ne pas suivre cet ordre rétro-chronologique, mais de partir plutôt de l’ouvrage où le récit exemplaire apparaît le mieux défini : Une tragédie française, paru en 1995. Je remonterai ensuite vers des formes antérieures moins nettement dessinées mais qui n’en sont pas pour autant moins intéressantes, pour terminer par une brève analyse des derniers avatars du récit exemplaire tels qu’ils apparaissent dans L’homme dépaysé (octobre 1996).