Toute expression religieuse doit-elle être rejetée de la vie publique ?
1678 mots
7 pages
La vie publique démocratique est fondée sur la libre discussion des opinions. La liberté de conscience et d’expression semblent alors une condition nécessaire d’une vie publique démocratique. Cependant doit-on tolérer des expressions qui par leur intolérance vise la fin de la liberté de conscience, de la liberté d’expression et donc d’une vie publique démocratique ? Ne faut-il pas pour défendre la vie publique démocratique éduquer le citoyen à la tolérance, à l’autonomie de pensée ? Les expressions religieuses sont une dimension de la liberté de conscience et d’expression. Si l’intolérance antidémocratique est viscéralement ancrée à toute démarche religieuse ne doit-on pas en limiter drastiquement l’expression ? Le prosélytisme religieux part du principe que une seule religion est bonne, celui qui le pratique n’aura-t-il pas dès lors tendance à l’encontre de l’autonomie de pensée à privilégier la soumission à des autorités, à une tradition, etc. à l’encontre des autres ? Mais rejeter toute expression religieuse n’est-ce pas au fond privilégier une croyance athée qui après tout pourrait faire preuve d’autant d’intolérance que les religions. L’autonomie de pensée n’exclut pas après tout une recherche spirituelle qui empruntera de manière privilégiée à telle ou telle pratique religieuse. On pourrait distinguer vie publique et vie privée. Toute expression religieuse serait tolérée au niveau de la vie privée mais en en ce qui concerne la vie publique, seules des argumentations rationnelles ne mettant en jeu aucune soumission irréfléchie à des autorités ou certaines traditions seraient encouragées. Cette séparation cependant n’est guère convaincante car toute religion implique une vie communautaire, c’est-à-dire la formation de corps d’opinion qui trouveront forcément à s’exprimer dans la vie publique pour s’imposer autant que possible. On connaît l’activisme de certains groupes religieux pour ne plus permettre aux femmes l’accès à la contraception ou pour condamner