Toute vérité est-elle démontrable ?
Si, dans sa première œuvre, le Tractatus Logico Philosophicus, Wittgenstein demeure attaché à une conception qui apparente les mathématiques à la logique (sans faire de cette dernière leur fondement comme Russell), il va ensuite présenter une conception tout à faire originale. Selon lui, les « nécessités » mathématiques se présentent dans le langage comme un ensemble de règles à suivre. Les mathématiques sont un ensemble de « techniques bariolées », de techniques de création de concepts et de relations entre concepts.
Les mathématiques ne découvrent donc pas quelque chose qui était jusqu’alors caché, comme le sont les objets du monde des Idées platoniciennes ; elles construisent, par la démonstration, ces connexions entre concepts. Chaque démonstration devient par la suite un paradigme visuel, pouvant être recopié indéfiniment, et qui, en exhibant les connexions, force la conviction.
Il faut également se poser la question de l’existence des objets mathématiques qui peuplent les démonstrations. Prenons l’exemple de la démonstration par l’absurde ; celle-ci procède par réfutation de la proposition contraire à celle que l’on souhaite démontrer ; elle consiste donc à montrer que la proposition contraire est contradictoire.
La proposition de départ a donc bien été démontrée ; mais peut-on dire que son contenu existe, au sens mathématique, c’est-à-dire au sens où ce contenu pourrait être défini, étant donné qu’il nous est connu que par la contradiction que