Traité des devoirs
Ce texte de Cicéron a pour objet de définir la singularité de la société humaine par des arguments renvoyant à l’ordre naturel, et d’en tirer la définition du mode de vie commun qui lui convient. Il faudra donc être particulièrement attentif dans le commentaire à la manière dont Cicéron lie les arguments naturels aux arguments politiques. Ce texte peut se découper en trois parties : les trois premières lignes, jusqu’à « et de la société des hommes », constituent une introduction très générale au problème du texte, qui est de définir les « principes naturels de la communauté et de la société des hommes ». Le second moment, qui s’étend jusqu’à « c’est qu’elles ne possèdent ni raison ni langage », mentionne le premier de ces principes, qui sera développé dans toute la suite du texte. Ce premier principe est lié à la possession par l’homme de la raison et du langage, ce qui les différencie des bêtes. Le troisième moment enfin, qui commence à « Cette société est largement ouvert », se concentre sur la définition de la nature de la société humaine et insiste sur la notion de communauté, en proposant une définition amicale de la société humaine, traditionnelle dans la philosophie antique. L’intérêt du texte est double : par l’idée qu’il propose d’une part, et qui est celle d’une communauté humaine naturellement fondée par l’amitié, d’une compréhension optimiste des attributs particuliers à l’homme que sont la raison et le langage ; par le procédé qu’il suit d’autre part, par glissements d’une définition à l’autre alors même que ces définitions se situent d’emblée sur des terrains qui ne sont pas communs ? on passe ainsi, sans démarcation, des principes naturels aux principes sociaux. Cette intrication du naturel et du social est un thème traditionnel de la philosophie antique. Or c’est suivant ces trois moments que nous entendons rendre compte du texte.
I – Préambule à la discussion
a) Dès l’introduction de ce texte, Cicéron fait de l’amitié le