Treve
L'expérience du rêve peut susciter en nous un étonnement à propos de ce qui est réel : il semble bien relativiser ce que l'on perçoit comme réel. Pourtant, la définition traditionnelle du réel est contenue dans les objets que nous percevons. Mais n'est-ce pas trop réducteur puisque notre conscience peut faire advenir des représentations oniriques, réelles en elles-mêmes ? Il est difficile de fonder ce qui outrepasse la perception sensible. Mais est-ce à dire pour autant que ce que nous percevons pas n'existe pas ? La perception du réel semble alors s'enraciner dans le sujet percevant, de sa capacité et sa motivation à percevoir. N'est-ce pas lui qui construit le réel ? La perception ne devient-elle pas alors qu'une possibilité pour lui d'appréhender le réel ?
La perception est le moyen dont je dispose, en tant que sujet de la connaissance pour accéder à la réalité: c'est-à-dire à ce qui n'est pas moi. Mais cette perception m'informe-t-elle complètement ? La démarche scientifique a depuis longtemps montré que la réalité ne se réduisait pas à ce que nous pouvons en percevoir immédiatement; au contraire, la connaissance objective exige le plus souvent que l'on dépasse les données de la perception. Mais ce qui est découvert au terme de l'investigation scientifique est-il en fin de compte l'objet d'une perception ? Ou alors y a-t-il dans la réalité des domaines définitivement inaccessibles à la perception, réservés par exemple à l'intelligence ? L'étude des sciences contemporaines (en particulier la physique) pourra être d'un grand secours