Tropisme
Bien qu'elle se tût toujours et se tînt à l'écart, modestement penchée, comptant tout bas un nouveau point, deux mailles à l'endroit, maintenant trois à l'envers et puis maintenant un rang tout à l'endroit, si féminine, si effacée (ne faites pas attention, je suis très bien ainsi, je ne demande rien pour moi), ils sentaient sans cesse, comme en un point sensible de leur chair, sa présence (p. 20)U).
8. Notons en passant que les Femmes ici se contentent de marquer l'étonnement face à l'imprévisible question de Jean-Pierre.
9. Il aurait été également intéressant de comparer la pièce aux silences qui se trouvent par exemple dans Martereau (1996 : 257) et Lesfruits </'or (1996 : 591).
10. Les citations de Tropismes proviennent de l'édition de la Pléiade.SILENCE, TROPISME ET STÉRÉOTYPE CHEZ NATHALIE SARRAUTE85
La lecture rétroactive de ce texte (après avoir lu la pièce), permet presque d'entendre les conversations. On imagine la scène au théâtre, avec les jeux des regards, les dialogues des hommes, qui agressent la femme avec « des plaisanteries stupides, des ricanements, d'atroces histoires d'anthropophages » :
Mais parfois, malgré les précautions, les efforts, quand ils la voyaient qui se tenait silencieuse sous la lampe, semblable à une fragile et douce plante sous- marine toute tapissée de ventouses mouvantes, ils se sentaient glisser, tomber de tout leur poids écrasant tout sous eux : cela sortait d'eux, des plaisanteries stupides, des ricanements, d'atroces histoires d'anthropophages, cela sortait et éclatait sans qu'ils pussent le retenir (p. 20-21).
Certes, la densité métaphorique de ce texte est plus élevé qu'au théâtre, le recours à la métaphore marine (la « douce