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Il ne manque pas de définitions de la france, leur trait commun étant de souligner que la france est, par définition, indéfinissable. Il ne saurait donc être question d’ajouter une définition à celles qui existent déjà.
Parmi celles-ci, deux paraissent particulièrement éclairantes, celle de Jules Michelet et celle de Paul Valéry. Ces deux hommes, aussi différents que possible, résument assez bien la complexité de la singularité française, ou, si l’on préfère les termes un peu pompeux, du génie français. Au romantisme démocratique du premier fait pendant le classicisme quelque peu méprisant du second. L’opposition est dans les tempéraments autant que dans les convictions. Et pourtant tous deux s’accordent pour donner de leur pays une image presque semblable.
Écoutons Michelet : « La france est le pays de la prose. Que sont tous les prosateurs du monde à côté de Bossuet, de Pascal, de Montesquieu et de Voltaire ? Or qui dit la prose dit la forme la moins figurée et la moins concrète, la plus abstraite, la plus pure, la plus transparente, autrement dit, la moins matérielle, la plus libre, la pluss commune à tous les hommes, la plus humaine [...] Le génie démocratique de notre nation n’apparaît nulle part mieux que dans son caractère éminemment prosaïque, et c’est encore par là qu’elle est destinée à élever tout le monde dess intelligences à l’égalité [...] Ainsi chaque pensée solitaire des nations est révélée par la france. Elle dit le Verbe de l’Europe, comme la Grèce a dit celui de l’Asie. Qui lui mérite cette mission ? C’est qu’en elle, plus vite qu’en aucun peuple, se développe, et pour la théorie et pour la pratique, le sentiment de la généralité sociale. » Ainsi s’exprime l’auteur de l’Histoire de france , en avril 1831, dans son Introduction à l’histoire universelle .
Et voici Paul Valéry, en 1927 : « La france est peut-être le seul pays où des considérations de pure forme, un souci de la forme en soi, aient persisté et dominé dans l’ère moderne.