Un personnage médiocre peut-il être un héros de roman?
Un personnage médiocre peut-il être un héros de roman ?
« Des héros de roman fuyez les petitesses ». Par cette déclaration, Boileau énonce clairement que pour lui, le héros de roman doit être exempt de défauts, mais ce qui ne veut pas dire que la médiocrité est à bannir car le terme médiocre vient du latin medius, « qui est au milieu » et signifie donc «dans la norme ». La médiocrité n’est pas forcément dépréciative, mais elle expose un manque de qualités que le héros se doit de posséder. Du point de vue mythologique, le héros est un descendant des dieux ou bien un humain doté de capacités physiques ou intellectuelles bien supérieures à la normale. L’arrivée du style romanesque va changer considérablement la conception du héros, qui ne sera plus forcément un personnage doté d’un potentiel hors normes. Au milieu du XVIème siècle, Rabelais publie des ouvrages totalement novateurs présentant des personnages et des histoires hors du commun. Les personnages de Gargantua ou Pantagruel, complétement irréels et décrits en prose, plongent le lecteur dans un univers jusque-là inconnu : celui du roman. Le roman brille de par la majesté du ou des héros ainsi que pour l’extravagance de leurs actions. Mais par la suite, les caractéristiques du roman diffèreront du modèle rabelaisien : Madame De La Fayette proposera dans ses œuvres des personnages majestueux et plein d’éclats, mais néanmoins réalistes, car tirés de l’Histoire, comme le Duc de Nemours dans La Princesse de Clèves(1678)ou encore le Duc de Guise dans La Princesse de Montpensier(1662), tandis que le roman sera complétement fictif chez Daniel Defoe, lequel inventera intégralement les aventures et la vie de son personnage Robinson Crusoé, héros du roman éponyme paru en 1719. Avec le temps, les héros de roman deviennent de plus en plus diversifiés, en s’éloignant des modèles du genre et deviennent dans certains cas des individus dont le charisme et la majesté sont inexistants : ce sont