Un poete definit son art
SAINT-JOHN PERSE accepte son prix en hommage à la poésie.
Le poète met l’accent sur l’écart qui semble se creuser entre l’œuvre poétique et la société soumise à des contingences matérielles. Cet écart serait le même pour le savant sans les applications pratiques de la science. Toutefois, le poète et le savant ont un point commun honorable qui est la pensée désintéressée. Leur interrogation est la même en dépit de modes d’investigation différents.
Partant du principe que toute création est poétique, le savant et le poète exercent une même fonction ; ils sont tous deux des « aveugles-nés », l’un équipé de son outillage scientifique et l’autre de son intuition, à la recherche de la lumière. Toutefois, le mystère est présent dans l’univers de l’un comme de l’autre. Et la grande aventure de l’esprit poétique n’est pas moins vaste que l’univers de la science moderne. Si la poésie n’est pas le « réel absolu » elle est empreinte d’une surréalité qui ne peut être celle de la science.
La poésie est avant tout un mode de vie qui a toujours existé, de l’homme des cavernes à l’âge atomique car il est une partie intrinsèque de l’homme. C’est de la poésie que prend son origine la spiritualité, le divin.
Si on lui reproche d’être obscure ce n’est pas due à sa nature propre qui est d’éclairer mais à l’obscurité de l’âme de l’être humain qu’elle a pour mission d’explorer.
Face à la puissance du nucléaire, la poète sera-t-il suffisamment fort pour résister ? Oui, si l’homme n’oublie pas qui il est.
Et c’est en cela que la mission du poète est d’être la conscience de son