Un roi langlois
Langlois, un « homme comme les autres » ? Au sujet de Langlois, Saucisse s’exclame : « c’était un homme comme les autres ! ». Dans quelle mesure votre lecture d’Un Roi sans divertissement reflète-t-elle cette vision de Langlois ?
C’est dans la 3ème partie d’Un Roi sans divertissement, vingt ans après la mort de Langlois, que Saucisse formule une épitaphe inattendue : « c’était un homme comme les autres ! » . Affirmation défensive, certes, puisqu’elle protège la mémoire de son ancienne idole, mais étonnante vue la façon dont Langlois a occupé et occupe encore les esprits... A première vue, et malgré tous les efforts de Saucisse, celui-ci n’a rien d’un homme ordinaire, comme le suggère la réaction du narrateur villageois : « A croire que nous étions tous des hommes comme les autres au bout du compte. Si c’était ça qu’elle voulait dire, qu’elle le dise ! N’avions-nous pas déjà entendu Langlois dire que M.V. était un homme comme les autres ? ... » . Il faut donc distinguer entre la figure d’exception que Langlois incarne pour le village et la signification que Giono donne à ce spécimen d’humanité pour le lecteur. Un héros n’est jamais « comme les autres » dans la mesure même où il est constitué en héros, mais il n’est pas pour autant hors-humanité comme le rappelle Saucisse après Langlois et sans doute Giono à travers l’un et l’autre. D’une part parce qu’il est lié au collectif humain au sein duquel il agit, d’autre part parce qu’il incarne et révèle en sa qualité de héros une vision, une interprétation de la condition humaine. On peut donc répondre à la question en ménageant deux temps (de discussion) : d’abord la manière dont se constitue l’image du héros au fur et à mesure de la lecture (et à cet égard, Langlois est plutôt un personnage d’exception qu’un « homme comme les autres »), ensuite la manière dont le personnage retentit sur son entourage humain et révèle, au-delà de lui-même, une figure