Un roman à l'intrigue atroce, comme le xixe siècle savait en produire. une prose enracinée dans le réel, le réel le plus sordide, celui du petit peuple parisien, celui des passions avilissantes, celui des mesquineries
A Tours, à l'ombre de la cathédrale Saint-Gatien, il était une fois trois prêtres et une vieille fille, leur logeuse. Ils sont tous un peu mesquins et assez ridicules, parfois jusqu'au comique, mais le dénouement est tragique. Comme il lui arrive souvent, surtout dans Les Scènes de la vie de province, Balzac fabrique du drame avec des vétilles. Pendant des années, en venant lui rendre sa visite quotidienne, l'abbé Birotteau avait envié le confort dont jouissait l'abbé Chapeloud dans l'appartement que celui-ci louait chez Mlle Sophie Gamard. Son rêve s'est réalisé à la mort de son ami, mais son bonheur fut de courte durée. C'était compter en effet sans la haine d'un troisième prêtre, plus jeune que les deux autres, l'abbé Troubert. Celui-là aussi guignait la succession de Chapeloud, aussi bien l'appartement que le canonicat.
Sa vengeance sera impitoyable. Il fait alliance avec Sophie Gamard et ils montent à eux deux une machination savante contre le pauvre Birotteau. Sans bien comprendre ce qui lui arrive, le vieux prêtre est chassé, spolié, interdit par l'évêque et trahi par ses amis. Son parcours de souffrance le mène du quartier de la cathédrale, qu'on appelle le Cloître, au faubourg de Saint-Symphorien, de l'autre côté du pont sur la Loire. Ces quelques centaines de mètres ont représenté pour lui un véritable chemin de croix : le petit bonhomme tout rond qui trottinait dans les rues de Tours n'est plus qu'un moribond. Troubert, lui, est nommé évêque.
II. HISTOIRE(S) DU TEXTE
Ce roman, qui s'intitula Les Célibataires dans ses éditions successives jusqu'en 1839, naquit en avril-mai 1832. Le manuscrit incomplet (Lov. A 11) comporte dix faux-départs. Six autres se situent au verso des feuillets 2 à 7 de Lov. A 196 (Le Prêtre catholique). En outre on conserve quelques épreuves préparées pour l'édition originale dans A 11, d'autres dans A 12, correspondant au début du texte, ainsi qu'un placard portant à la titre, La Vieille Fille, qui sera