Une pièce montée
La pièce montée arrive, sur un plateau immense porté par deux serveurs. Vincent voit osciller au rythme de leur marche cette tour de Babel en choux à la crème, surmontée du traditionnel couple de mariés. Il se dit : C'est moi, ce petit bonhomme, tout en haut. C'est moi. Il se demande qui a pu inventer un gâteau aussi ridicule. Cette pyramide grotesque ponctuée de petits grains de sucre argentés, de feuilles de pain azyme vert pistache et de roses en pâte d'amandes, cette monstruosité pâtissière sur son socle de nougatine. Et ce couple de mariés perché au sommet, qu'est-ce qu'il symbolise, au juste ? B. L. C.
Mon avis :
Le premier roman de Blandine Le Callet nous invite au mariage de Bérangère et Vincent. Pour y accéder, nous passerons par les regards successifs d'une petite fille, du prêtre, de la grand-mère, de la belle-soeur (et mère de la petite fille), de la soeur marginale, de l'oncle, du mari, de l'invité incongru et de la mariée. Tous ces personnages convergent en une réunion sur laquelle ils auront des avis différents. À travers la succession des personnages, l'auteure fait défiler le déroulement de la cérémonie et de la noce. Cette technique nous permet d'aborder certains événements ou personnages sous différents aspects, comme celui de la mariée qui nous apparaît à la fois capricieuse aux yeux de son mari, et attentionnée auprès de sa grand-mère. Cette façon de raconter une histoire s'inspire du cinéma, notamment des films de Paul Thomas Anderson et Alejandro Gonzalez Iñarritu. Si le procédé peut paraître un peu factice, et pourrait pallier une absence de réelle intrigue, Le Callet l'utilise surtout afin d'étoffer le fond de son