Une vie de boy
Les défenseurs des droits de l'homme l'ont d'abord attendu comme le gardien de la justice, celui qui, malgré l'horreur des faits, croit au respect des lois et s'engage à défendre les auteurs présumés d'un crime odieux. Et cela, dans un contexte explosif : aucun avocat n'avait initialement accepté de représenter les cinq accusés du viol collectif d'une étudiante de 23 ans. Le crime sordide, commis le 17 décembre dans un bus à New Delhi, avait conduit, treize jours plus tard, au décès de la jeune femme grièvement blessée. Il a révolté l'opinion en Inde et provoqué des manifestations exigeant le respect des femmes et des peines sévères pour les auteurs de violences sexuelles. Dans ce climat de colère et d'outrage, des associations d'avocats ont appelé à boycotter l'organisation de la défense des accusés et certaines ont même exigé que la peine de mort soit infligée d'office.
Mais un nom a surgi : Manohar Lal Sharma. Cet avocat, âgé de 56 ans, exerce depuis plus de vingt ans, généralement à la Cour suprême. Le 7 janvier, au tribunal de Saket où se déroulent les audiences en cours, M. Sharma a été le premier avocat à se porter volontaire devant la magistrate pour représenter les accusés. Furieux, ses confrères ont manifesté aux portes du tribunal pour dénoncer son zèle. Mais l'avocat a tenu bon, dénonçant alors un esprit de "vengeance" : "Un accusé a le droit d'être représenté par un avocat ; il s'agit d'un principe fondamental dans les sociétés modernes", a-t-il déclaré.
L'avocat Manohar Lal Sharma © Capture d'écran AFP
Le petit ami "responsable"
Jusque-là, rien à dire. Mais, depuis deux jours, les bonnes intentions de M. Sharma tournent au vinaigre. Dans un entretien à Bloomberg, M. Sharma a d'abord jugé que le petit ami de l'étudiante, qui l'accompagnait le soir des faits et qui a été passé