Urnos
J’ai pris connaissance du phénomène urnossien en 1991 alors que, dans le cadre d’un projet de maîtrise à l’UdeM, j’effectuais des recherches en vue de l’écriture d’une œuvre pour cornemuse. Au 3e millénaire avant Jésus-Christ, un peuple de bergers employant des instruments construits sur le même principe que la cornemuse et qui plus est, aurait développé une écriture musicale ? Quelle découverte fascinante ! À l’époque, le monde scientifique s’accordait pour donner un certain crédit aux théories de l’ethnomusicologue allemand Alexander Von Stratten. L’étude de fragments de poteries ornés d’arabesques irrégulières, découverts dans les années 1940 dans une grotte près de Kaboul, amena le chercheur allemand à conclure qu’il s’agissait là de l’écriture musicale dont parlait les textes anciens. Il en proposa même quelques transcriptions en notation moderne.
Prenant ces propositions comme point de départ, j’entrepris, cette même année, l’écriture de Deux pièces pour cornemuse (cette œuvre fait d’ailleurs partie intégrante de mon mémoire de maîtrise en composition musicale – Université de Montréal 1993).
Depuis, de nouvelles découvertes vinrent contredire les théories du chercheur allemand. Dans les milieux scientifiques, on accorde maintenant de plus en plus de crédibilité aux théories de l’anthropologue américain Tom Blake.
Blake avait toujours eu des doutes quant à la valeur accordée à la thèse de Von Stratten. Pour lui, les fragments de poterie découvert en 1940 par les archéologues Bob Jenkins et Jacquelyne Dutillon ne pouvaient pas être les vestiges de l’écriture musicale urnossienne. Il basait son raisonnement sur le fait qu’on en avait découvert que très peu de ces fragments sur les sites urnossiens. Pour lui, la présence sur les sites de ces poteries relevait bien plutôt d’échanges commerciaux avec les peuples voisins.
Depuis le début de ses recherches, l’attention de l’anthropologue s’est portée sur des plaquettes d’argiles, nombreuses