Vipere au point - un roman d'apprentissage
Enfance innocente et désarmée, choyée par une grand-mère trop tôt décédée ; l’arrivée de la mère déclenche un processus d’apprentissage de la souffrance et de la haine, mais aussi de l’autonomie et de l’intelligence.
Mère tortionnaire, Folcoche installe un régime de détention, de sanctions, de brimades, la délation dans la fratrie, les privations, la faim, le froid, la confession publique, familiale, quotidienne, tout cela sous couvert d’une éducation rigoureuse, religieuse, raisonnée, celle d’une grande famille bourgeoise, fière de grands hommes héroïques et catholiques, au cœur des marais du Craonnais, dans un vieux manoir austère, Belle Angerie : trente-deux pièces, des écuries, une fermette, une chapelle « où la foi est lourde et encombrante comme le mont Blanc », dit le jeune héros.
Hervé Bazin présente cette famille, avec cynisme et férocité, comme « l’extrême branche d’un arbre généalogique épuisé, d’un olivier stérile complanté dans les jardins de la foi. Grand-mère mourut, ma mère parut ». Et ce récit devint un drame. Tous les personnages sont surnommés : le Vieux, Folcoche, Brasse-Bouillon, Chiffe, Crapette. Face à une mère tortionnaire, à un père plus lâche qu’aveugle, les enfants ne grandissent pas, les précepteurs terrorisés se succèdent, les échanges se tissent de défis silencieux, les sens s’aiguisent, le machiavélisme prospère dans une lutte sourde et exaspérée, l’atmosphère est empoisonnée comme la nourriture, jusqu’au passage à l’acte : accident, fugue, tentative d’assassinat.
« Je ne suis pas ton