Wilsonnisme
La France, également porteuse depuis la Révolution française d’un message universel, refusait de s’incliner devant ce qu’elle percevait comme une démonstration de l’impérialisme universaliste des
États-Unis. Pour Hubert Védrine, la démocratie est certes un objectif fort louable, mais tous les
États, toutes les cultures, tous les niveaux de développement n’y sont pas prêts, et il serait vain de vouloir imposer la démocratie à tout prix à des pays qui ne sont pas mûrs pour ces exercices subtils et délicats2.
Si le projet de ce sommet des démocraties avait été initié par le ministre polonais des Affaires étrangères, Bronislaw Geremek, Washington s’en était approprié la réalisation sinon l’idée même. À l’heure de la mondialisation, les États-Unis ne pouvaient qu’être tentés par l’idée de substituer une Alliance démocratique à l’Alliance atlantique, associant de grandes démocraties du Sud comme l’Inde à l’initiative du lancement de leur projet. Pour Paris, l’ombre portée de la pax americana ne disparaissait pas néanmoins derrière le village Potemkine de la pax democratica. Cette expression nouvelle de « ce qui est bon pour les États-Unis est bon pour le monde entier » ne pouvait qu’irriter les Français, bien isolés de leurs partenaires européens dans leur dénonciation quasi solitaire du wilsonisme.
« Ce qui est tragique, c’est qu’en accumulant
D
«
de tels retards dans le financement des opérations de maintien de la paix, nous contribuons souvent sans le vouloir à créer des conditions d’échec là où l’assistance aux réfugiés devient nécessaire »3.
Celui qui dénonce ainsi l’avarice coupable des
États-Unis n’est pas un représentant des Nations unies mais le propre représentant de l’Amérique auprès de la maison de