Yacine
article de la rubrique les deux rives de la Méditerranée > assumer ensemble un passé commun date de publication : dimanche 31 décembre 2006
Comment, au coeur de la guerre d’Algérie, concilier l’identité kabyle, la culture française et l’aspiration à l’indépendance ? A travers le cas de l’écrivain Mouloud Feraoun, assassiné par l’OAS quelques jours avant le cessez-le-feu, c’est aussi la question des violences d’aujourd’hui qui nous est ici posée.
Sylvie Thénault nous a permis de reprendre cet article publié en 1999 dans Vingtième Siècle. Revue d’histoire [ST].
Voir en ligne : l’assassinat des six inspecteurs des centres sociaux éducatifs Mouloud Feraoun.
Dernièrement a été réédité un livre consacré à l’assassinat de Jean Sénac, poète algérien de langue française, et intitulé Assassinat d’un poète [1]. Dans le compte rendu qu’il lui consacre dans Libération, Ahdelhafid Adnani, journaliste algérien, attribue cet assassinat à une main sans doute liée à l’intégrisme islamiste » et le quotidien chapeaute l’article par cette annonce : « Son assassinat, il y a vingt-cinq ans, fut le premier signal d’une tragédie à venir » [2]. Abdelhafid Adnani fait en effet un parallèle constant entre l’assassinat de Jean Sénac et celui de Matoub Lounes. Cet exemple est significatif des rapports qu’entretiennent l’actualité et l’histoire, le temps présent et le passé. L’actualité pose à l’historien de nouvelles problématiques, de nouvelles questions, de nouveaux thèmes. Dans le cas de l’Algérie, les violences actuelles incitent à un retour sur les violences du passé et, en particulier, sur celles de la guerre d’indépendance de 1954 à 1962. La table ronde organisée par l’Institut d’histoire du temps présent en 1996, sur la guerre d’Algérie et les Algériens, a vu l’évocation forte, parfois émouvante, parfois polémique, des violences de cette période [3]. Mouloud Feraoun fut une de ses