Yvan
C’est à l’occasion de Monumenta 2010, dans la nef du Grand Palais, que Boltanski met en place l’installation « Personnes ». Le titre de l’exposition est déjà rien qu’à lui seul très évocateur de l’œuvre de Boltanski. « Personnes, avec un « s », renvoie à la multitude, et en même temps ce que l’on entend, c’est personne, sans « s » c’est-à-dire l’homme sans nom, ou la négation de l’homme. » dira Catherine Grenier commissaire de Monumenta 2010.
En entrant dans la nef, un grand et haut mur de boîtes nous fait face, faisant obstacle à l’installation comme si nous étions devant l’œuvre. Ce mur, de 42 m de long et de 3,9 m de haut, est constitué de boîtes de biscuits rouillées et est surmonté de petites lampes. Chaque boîte comporte un numéro. L’obsession du nombre dans l’œuvre de Boltanski est au service d’une réflexion sur l’individu et la masse.
Mais ceci peut également illustrer la mort des individus si l’on considère ces boîtes comme des urnes funéraires. Les boîtes : objets de rangement peuvent aussi permettre de classer, enfermer, conserver, cacher. La collection de boîtes est souvent présente dans l’œuvre de Boltanski, il collectionne les objets de son enfance allant même jusqu’à les fabriquer en pâte à modeler pour ensuite les placer dans des boîtes et les stocker.
La rouille des boîtes peut faire penser à quelque chose de passé, d’ancien. De multitudes interprétations sont possibles. Boltanski pose des questions à travers son œuvre sans y répondre. Né à la fin de seconde guerre mondiale d'un père juif et d'une mère chrétienne, baignant dans un monde de survivants durant toute son enfance, , Christian Boltanski sera très influencé par cette notion de l’enfermement. Ces boîtes peuvent donc y faire référence. La Shoah est un thème prépondérant dans son travail, qui s’affirme ouvertement à partir de l’œuvre qu’il présente à la Documenta 8 de Kassel en 1972 ouvrant sa carrière internationale.