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La valeur littéraire : les vraies leçons d'un faux problème
Alain Vaillant
Université Paris Ouest Nanterre - CSLF
Lorsque les organisateurs de cette journée m’ont aimablement invité à parler aujourd’hui de la valeur littéraire, cette proposition, je l’avoue, m’a séduit tout en suscitant ma perplexité. Séduit, parce que, depuis toujours, les débats sur la valeur, la vraie valeur de la littérature m’ont paru inutiles et vains, m’ont semblé devoir donner lieu à des bavardages un peu creux, voire narcissiques pour les littéraires que nous sommes, plutôt qu’à des réflexions sérieuses, réellement consistantes. Donc, dans un premier temps, j’étais séduit par l’idée de pouvoir, enfin, dire ouvertement ce que j’en pensais.
S’il s’agit de faire des éloges émus de la littérature, de grandes déclarations d’amour littéraire (car on en arrive toujours là), cela me paraît en effet bien impudique et irrationnel.
J’avoue être gêné, de façon générale, par le fait qu’une bonne partie de ce que l’on met généreusement sous la notion de « théorie littéraire » relève, non de l’éloquence délibérative, mais de l’épidictique (de l’éloge). À l’inverse, s’il s’agit de postuler, d’un point de vue strictement sociologique (à la manière de Pierre Bourdieu, par exemple, ou de ses épigones), que la valeur de la littérature (valeur purement sociale, par définition, puisque la littérature est elle-même d’un fait social) dépend d’une économie symbolique des biens symboliques qui met en jeu le système des valeurs au sein d’une société, on ne peut qu’approuver, et c’est une telle évidence qu’elle ne me semble pas exiger d’examen plus approfondi. Mais, une fois le constat posé, que fait-on ? Que faisons-nous, nous les littéraires, de cette évidence sociologique ?
Ce qui est drôle, je le note en passant, c’est que la théorie de Bourdieu devait, en principe, servir à remettre en cause la hiérarchie entre les œuvres, l’opposition entre une