J'ai cueilli cette fleur pour toi ; analyse
"J'ai cueilli pour toi cette fleur dans la dune. C'est une pensée sauvage qu'a arrosée plus d'une fois l'écume de l'océan. (.) Et puis, mon ange, j'ai tracé ton nom sur le sable : DIDI. (Diminutif de Léopoldine). La vague de la haute mer l'effacera cette nuit, mais ce que rien n'effacera, c'est l'amour que ton père a pour toi (.) ". Ce sont les termes d'une lettre que Victor Hugo adressa à sa fille âgée de 13 ans, le 3 septembre 1837. En écho à cette lettre, c'est un poème identique que Victor Hugo écrit ici, au retour de l'île de Serk, et qu'il adressera ensuite à Juliette accompagnée de cette fleur qu'il cueillit. La différence, ici, c'est que la fleur n'est plus cueillie sur une dune, un endroit familial où jouent les enfants mais sur une colline, un endroit isolé, abrupt, dangereux mais aussi plus intime. Le manuscrit est daté du 31 août 1852, soit 3 ans plus tôt que la date portée dans le recueil, 3 ans, le même délai que mit le poète avant de se rendre sur la tombe de sa fille Léopoldine, et qui amplifie l'écho de cet amour qu'il porte à sa maîtresse. La fleur symbolise l'amour éternel, l'enfant cueille des fleurs dans la nature pour les offrir à ses parents, l'amoureux offre des roses, on dépose des fleurs au cimetière sur la tombe des disparus qui vous ont été chers. Le poème a été écrit au retour de l'île de Serk, au nord de Jersey, juste à coté de Guernesey, c'est aussi l'île la plus solitaire et la plus fermée des îles anglo-normandes où il est exilé.
2-L'amour et l'unité du monde
Les nombreuses personnifications du poème ne sont pas de simples figures de style mais l'expression d'une communion fusionnelle, animiste avec la nature. L'aigle connaît, L'ombre baignait, le flot s'incline, la fleur est pâle, elle croit paisible, les toits craignent . "Ecoute bien. C'est que vent, ondes, flammes, arbres, roseaux, rochers, tout vit ! Tout est plein d'âme" écrit Hugo dans "Au bord de l'infini", VI-XXVI. La nature est une force