L'état doit-il se soucier de la vertu de ses citoyens ?
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Comment doit-on comprendre cela ? Définissons l’Etat comme l’autorité souveraine, personne juridique et morale, à laquelle sont assujettis ses citoyens. La vertu quant à elle, généralement opposée au vice, est une tendance, une disposition habituelle, qui amène le sujet à accomplir volontairement des actions « bonnes » ou à être « bon », à faire le bien. Nous nous demandons donc si l’Etat doit accorder une importance à la vertu – ou aux vices – de ses citoyens. On peut aussi comprendre le verbe « se soucier » comme synonyme au verbe « se préoccuper », insistance sur l’inquiétude, voire même sur le tourment. L’Etat pourrait-il pâtir d’un excès de vices ou d’une absence de vertu ? Doit-il alors forcer les citoyens à la vertu, et les empêcher aux vices ? Mais l’Etat peut-il accorder une importance à la vertu, sans pour autant en faire une norme, en faire découler des lois ? Comment accorder une importance à la vertu, si ce n’est pas pour récompenser la vertu et punir le vice, si ce n’est pas pour obtenir la vertu et empêcher le vice ? Nous faudrait-il dépasser l’opposition vertu-vice pour considérer pleinement ce que signifie la vertu ? Pour essayer de résoudre notre problème, nous verrons d’abord que l’Etat ne doit pas forcer à la vertu morale et combattre le vice. Puis, on verra que l’Etat doit tout de même accorder une certaine importance à la vertu « amorale ». Enfin, nous verrons que l’intérêt de l’Etat aux vertus des citoyens est motivé par l’intérêt impératif de l’Etat vis-à-vis des mœurs de ses sujets.
Si l’Etat se soucie de la vertu de ses citoyens, le duo vertu-vice est « politisé ». Il se dégage de son assimilation au duo qualité-défaut dans la sphère privé, pour gagner la sphère publique et s’assimiler au duo innocence/culpabilité. L’on peut comprendre ça de deux façons. Soit le vice devient un crime, soit le crime devient un vice. Analysons d’abord le premier cas. Admettons que le crime est une sorte de « déviation » par rapport à la norme qu’est