L'engagement
Le sujet du débat se voulait d’abord ambitieux en interpellant le monde. Les exemples ont pourtant été majoritairement empruntés à l’histoire de la France. Victor Hugo, écrivain social et populaire, homme politique aussi, incarne l’idée communément admise que nous nous faisons de l'écrivain engagé. Mais qu’est-ce qui caractérise un écrivain engagé, et, notion plus moderne, un intellectuel engagé ?
Il serait trop facile de n’accorder d’engagement qu’aux écrivains traitant ouvertement de thèmes politiques ou sociaux. Certes ceux-ci restent des références marquantes de l'Histoire. Sartre et Hugo se sont engagés personnellement dans des combats politiques. Mais que dire de Shakespeare, de Boulgakov, de Balzac ? Leurs visions personnelles du monde couchées sur le papier ont contribué de même à renouveler les esprits. Car plus que l’engagement de sa personne, l'écrivain offre à ceux qui veulent bien le lire une vision particulière du monde et contribue à modifier les schémas imposés aux individus par la société, ou plus encore à en percevoir les mécanismes et donc à s’en rendre maître. On ne peut donc enlever à l'écrivain – à l’artiste en général - cette capacité de retranscrire le monde qui l’entoure.
Pour autant, cette disposition à changer le monde n’est-elle qu'imputable aux écrivains ? Le modèle de Victor Hugo à l’origine de notre questionnement nous a placés dans une époque où l’écrit était peut-être le seul grand moyen pour faire passer des idées. « Même à l’époque de Sartre », entend-on dans