L'absurde dans l'étranger
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Parler de philosophie du nihilisme ou encore d'existentialisme en ce qui concerne la pensée d' Albert Camus est malheureusement faire preuve d'un amalgame causé par l'ignorance. Et pourtant nombreux sont les critiques et les professionnels de la discipline qui ont souvent vu en Camus plus un homme d'idées ou un « philosophe », qu'un véritable écrivain. Aujourd'hui encore l'enseignement secondaire s'empare de l'oeuvre de Camus comme l'illustration d'une pensée Nietzschéenne, et oublie trop souvent de montrer que si L'Etranger ou La Chute subissent de toute évidence l'influence des lectures philosophiques de l'auteur, il n'en reste pas moins que c'est une pensée à l'oeuvre qui se dégage du texte par la forme même de la fiction et s'autonomise dans un style qui lui est propre. Loin de ressembler au discours philosophique impersonnel et conceptuel, l'oeuvre de Camus se présente comme l'élaboration d'une pensée en quête d'un trésor que seule l'exploration de toutes les formes littéraire peut mener à bien. Roman, nouvelles, essai se conjuguent ainsi pour constituer une oeuvre à la fois divertissante et plaisante esthétiquement, mais aussi réfléchissant une pensée de l'existence, plus communément appelée « philosophie de l'absurde ». Eu égard à ces considérations, on ne doit pas comprendre l'oeuvre de Camus comme la théorisation d'une pensée métaphysique qui prétend aboutir à des vérités (effort vers lequel tend toute métaphysique qui se revendique comme telle), mais comme l'exercice d'une réflexion sur l'existence, non exhaustive et en suspend. Camus lui même a toujours défendu sa place d'écrivain en rejetant l'attribution de « philosophe » chère aux journalistes. Il dira d'ailleurs dans Le Mythe de Sisyphe qu'il n'est ni le successeur de Nietzsche ou de Kierkegaard, mais plutôt qu'il leur emprunte un « thème », pour écrire des histoires. D'où le malentendu de ses contemporains qui lui reprochèrent une « légèreté » philosophique, sans avoir compris que Camus n'aspirait